Peintre Xing Wei fait l'apprentissage de la peinture chinoise, intimement liée à l'écriture- les caractères chinois (sinogrammes) relevant d'ores et déjà du dessin. Si elle s'est dans un premier temps adonnée à la peinture de paysages, de portraits et de natures mortes, l'artiste y a progressivement intégré le texte (en français), les mots venant tantôt (d)écrire et /ou commenter l'objet de la représentation et, en quelque sorte, faire bégayer l'image, tantôt s'y substituer, donnant moins à le voir qu'à le lire: Xing Wei nous offre ainsi une autre lecture de la peinture dont les clés ne sont autres que les mots eux-mêmes.

Parallèlement au fait d'<<écrire des images>>, et comme une manière de renverser l'exercice, l'artiste <<dessiner des livres>>. Ainsi, lors de son exposition de diplôme en Chine, elle présentait une bibliothèque abritant quelque cent vingt (vrais) petits tableaux représentant autant de (faux) livres, illisibles, prenant le sointoutefois sans intention ni tentation d'hyperréalisme d'en reprendre certains détails particulièrement caractéristiques comme la reliure ou le volume de pages - l'épaisseur du châssis étant elle aussi exploitée, voire, dans le cas d'une quatrième de couverture, le code-barres. Une entreprise poursuivie avec Les Journaux des Portraits, série de vingt tableaux-livres de même formats à l'effigie de personnalités de notoriété et de statut variable - parmi lesquels Charlot et Ai Weiwei.


Anne-Lou Vicente

 

Critique d’art et commissaire d’exposition indépendante. Elle a notamment fondé et co-dirigé la revue d’art contemporain sur le son Volume. Elle a cofondé et dirige actuellement la plateforme éditoriale et curatoriale What You See Is What You Hear.